Deux précédents CD(s), plus confidentiels constituent la discographie de notre ami. Le dernier en date avait été enregistré à la sauvette à cause du guitariste qui s’était désisté le jour même. Quel coup de poignard !
J’aime toujours écouter ces deux précédentes galettes bien que techniquement, elles ne furent pas si bien fignolées que le superbe « petite annonce ». Ce disque est déjà fort bien réalisé dans sa conception, son soin, sa présentation (beau livret). Les guitares du virtuose Martial ROBILLARD viennent orner ce bouquet fleuri de chansons.
La voix de Jilber est tout au long radieuse et fort bien « compliciée » par sa compagne Elise. Elise a posé sa voix avec justesse, après un long travail. Ce n’est que bénéfique pour l’ensemble.
J’aime que Jilber mêle ses chansons d’auteur à celles d’autres artistes qu’il affectionne et dont il se sent très proche, niveau de la thématique, niveau affectif. Ces auteurs ont pour nom Philippe Mitre, Julos Beaucarne, Gardougal, Jerry Pineau , André Bonhomme ainsi que les poètes Robert Desnos et René-Guy Cadou. L’ombre et la lumière, le blues de la vie et les sourires jouent à cache-cache comme un ciel bleu chahuté par quelques gros nuages noirs.
Le bleu jaillira et inondera le ciel de ce disque avec la composition pleine d’espoir de Jilber « Je ne vois que du bleu » sur un texte de Philippe Mitre. Eh ! oui l’espoir, l’instant d’un disque, aura revêtu une autre couleur. Le disque est bien équilibré, avec un relief rond, comme des collines.
Et si chacun, secrètement essayait de retenir ses chansons favorites, quelles seraient-elles ? La tendre « Entre toi et moi » de Julos Beaucarne, les atrocités de la grande guerre « 1916 », « l’Exil » pleine d’humanisme d’André Bonhomme, la saisissante et très contrastée « Bloc 2 » sur l’enfermement politique à deux pas des immenses plages de sable fin des touristes, « A vider seul son verre » la solitude et son spleen, « Petite annonce » la belle introduction de ce disque, « Bestiaire » les drôleries tendres et aimantes du malicieux Philippe Mitre, « Nuit noire » de ce bel élan, de cette belle résurgence au bout de cette nuit, puis l’intime « Une lettre » et les poèmes « Rosalie » de Robert Desnos et « La cinquième saison » de René- Guy Cadou.
Et si j’ai mes préférées comme chacun(e) de vous, je conclue que ce disque est très fraternel et reflète ce que nous vivons le plus simplement de notre vie, nos blues et nos sourires quotidiens avec toujours de la poésie en ciel de fond.
Marc Pommier.
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